Mis à jour le 24/04/2025
Longtemps considérés comme un trouble lié à l’âge ou à l’exposition professionnelle au bruit, les acouphènes touchent aujourd’hui une population de plus en plus jeune. Cette perception de sifflements, de bourdonnements ou de grésillements sans source sonore réelle, gagne du terrain chez les adolescents et les jeunes adultes, souvent sans qu’ils n’en aient conscience ou qu’ils ne réalisent la gravité de ce symptôme.
Ce phénomène alarmant interroge autant sur les causes que sur les moyens de prévention et de traitement, alors que la recherche commence à peine à rattraper le retard dans ce domaine.
Le mode de vie des adolescents joue un rôle prépondérant dans la multiplication des cas d’acouphènes. Saviez-vous que l’exposition quotidienne à des volumes sonores élevés, notamment via les écouteurs ou casques audio, est l’un des premiers facteurs mis en cause ?
Nombreux sont les jeunes à écouter leur musique durant plusieurs heures par jour, souvent à un volume supérieur aux recommandations. Cela n’est pas sans conséquences, puisque les acouphènes touchaient en 2020 37 % de la population française habituée à écouter de la musique de manière prolongée[1]. La prévalence est d’autant plus marquée chez les 15-24 ans : près de la moitié d’entre eux en serait affecté. Ce phénomène s’explique en partie par le fait que 64 % des jeunes de cette tranche d’âge utilisent des écouteurs pour écouter de la musique sur leur smartphone.
À cela s’ajoute la fréquentation régulière de lieux très bruyants comme les concerts, les festivals ou les boîtes de nuit, sans protections auditives, alors que les niveaux sonores peuvent atteindre des pics souvent bien au-delà du seuil de sécurité de 80 décibels.
Mais les causes ne sont pas uniquement liées à l’environnement sonore et aux traumatismes associés. Les acouphènes peuvent résulter :
Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est que la majorité des jeunes concernés ne prennent pas ces symptômes au sérieux, pensant qu’ils sont passagers ou sans gravité. Seuls 8 % des Français âgés de 15 à 17 ans et 26 % des 18-24 ans déclarent avoir consulté pour leurs acouphènes. Résultat : le trouble s’installe, et devient parfois chronique.
Bon à savoir : chez l’enfant, l'acouphène est souvent plus difficile à identifier. En effet, si les enfants plus âgés peuvent exprimer plus facilement cette gêne auditive à leurs parents, les jeunes enfants peuvent percevoir les sons dans leurs oreilles ou leur tête comme faisant partie de leur propre corps.
D’après un sondage Ifop réalisé en 2018[2] à l’occasion de la Journée nationale de l’Audition, la moitié des Français de moins de 15 - 17 ans déclarent avoir déjà souffert d’acouphènes.
Fort heureusement, en France 76 % des 15-17 ans et 81 % des 18-24 ans ne ressentiraient pas de perte auditive ou de surdité associée. Selon l’Anses, un jeune sur dix de moins de 25 ans souffre toutefois de troubles de l’audition et présente un audiogramme pathologique.
Ces problèmes sont principalement causés par une exposition excessive au bruit, notamment lors de concerts, en boîte de nuit, ou à travers l’écoute prolongée de musique au casque — en moyenne 2 à 3 heures par jour.
Par ailleurs, chez les jeunes, le réflexe de consulter un médecin ORL n’est pas ancré. Plus de 60 % des 15-17 ans et 67 % des 18-24 ans confiaient n’en parler ni à leurs proches, ni à un professionnel de santé.
L'institut de sondage observe également une tendance croissante à considérer les acouphènes comme un trouble d’origine psychologique, alors qu’ils sont en réalité le symptôme d’un trouble ORL. Cela souligne l’importance de poursuivre les campagnes de sensibilisation autour des causes réelles des acouphènes, tant auprès du grand public que du corps médical.
Adopter dès l’enfance de bonnes habitudes d’écoute, et sensibiliser les plus jeunes aux risques auditifs sont autant de leviers essentiels pour freiner cette tendance.
Face à la hausse inquiétante des acouphènes chez les jeunes, il convient de mettre l’accent sur les risques liés à l’exposition au bruit. Cela passe par un usage raisonné des écouteurs, soit :
Privilégiez les casques audio fermés, qui isolent mieux des sons extérieurs et permettent donc de ne pas augmenter inutilement le volume.
Lors d’événements bruyants, tels que des concerts, des festivals ou des sorties en boîtes de nuit, le port de bouchons d’oreilles adaptés est indispensable. Cela s’applique également si vous utilisez des outils bruyants, tels qu’une tronçonneuse, une perceuse ou un marteau-piqueur.
Selon l’Assurance Maladie, dans 95 % des cas, les acouphènes sont temporaires et isolés, c'est-à-dire non associés à d’autres symptômes. Il convient toutefois de consulter un médecin généraliste, un ORL ou d’aller à l’hôpital pour recevoir un traitement en urgence, si l’acouphène apparaît suite à un épisode traumatique et qu’il dure plus de deux jours.
Par ailleurs, si les acouphènes s'aggravent, ou s’ils sont accompagnés de fièvre, d’une perte brutale d'audition, de nausées ou de troubles de la conscience, cela constitue une urgence médicale. Gardez en tête que plus la prise en charge est précoce, plus les chances de soulager, voire de faire disparaître le trouble sont importantes.
Le médecin ou l’audioprothésiste procédera à un bilan auditif complet dont un audiogramme, des tests de perception sonore, ainsi qu’un examen de l’oreille pour éliminer toute cause mécanique (cérumen, infection, etc.).
Si vous êtes inquiet, n’hésitez pas à passer un test auditif en ligne avant votre rendez-vous médical.
Il n’existe à ce jour aucun traitement universel contre les acouphènes. Il est toutefois possible d’en atténuer les effets, notamment chez les jeunes, dont la plasticité cérébrale favorise les mécanismes d’adaptation.
Parmi les traitements, les thérapies sonores réintroduisent des sons doux dans l’environnement afin de masquer ou détourner l’attention du bruit perçu. La thérapie cognitive et comportementale, particulièrement utile en cas d’anxiété ou de stress, aide à modifier la perception négative de l’acouphène. Lorsque l’acouphène est associé à une perte auditive, le port de prothèses auditives intégrant des générateurs de bruit blanc peut également être envisagé.
Adopter une bonne hygiène de vie est également un incontournable pour diminuer la prévalence des acouphènes. Pour cela :
Le nombre croissant de jeunes souffrant d’acouphènes n’est pas une fatalité. Ce trouble auditif, souvent mal compris et banalisé, doit être pris au sérieux, au risque d’avoir de lourdes répercussions sur la qualité de vie, la concentration ou le sommeil de nos adolescents. Vous l’aurez compris, plus la prévention est mise en place tôt, plus les risques de chronicité diminuent.
[1] Enquête JNA-Ifop, 2020, 2020-2030 : Quel avenir pour les oreilles des Français ?
[2] Sondage Ifop, 2018, Les phénomènes des acouphènes et de l’hyperacousie
Assurance Maladie, février 2005, Les acouphènes : définition, causes, conséquences
Le Figaro Santé, 2018, Acouphènes: les jeunes sont particulièrement touchés
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